Wednesday, July 26, 2006

Deux idées fausses sur le conflit Israël-Hezbollah

Suite de mon petit post sur un autre blog concernant les prismes déformants par lesquels trop souvent, on voit le monde avec des yeux dont l'objectivité est trop faible, je poursuis la réflexion.

Il ne faudrait pas croire, à l'issue de la lecture de ce post, le premier sur ce blog, que j'éprouve la moindre sympathie pour l'Etat d'Israël. En fait, je ne crois pas avoir de sentiments à son égard bien différents de ceux que j'éprouve pour tout autre Etat. Ce n'est pas le cas de tout le monde. Certains adorent littéralement Israël, d'autres au contraire haïssent cet Etat. C'est de ces derniers dont je vais parler ici.

Ici, il s'agit d'examiner, dans le cadre du conflit actuel au Moyen-Orient (Israël versus Hezbollah) deux faits, répétés et propagés par le camp anti-Israël (qui se rend parfois coupable d'une étonnante indulgence envers les groupes terroristes comme le Hezbollah), comme par exemple l'auteur de cet article ou de celui-ci.

Deux idées clés, véhiculées par le camp anti-Israël, ont retenu mon attention ces jours derniers.
"La différence est que Hezbollah frappe principalement infrastructures militaires et des soldats (du moins jusqu'à l'attaque israélienne actuelle) tandis qu'Israël vise d'emblée des infrastructures civiles et met la pression sur l'état libanais en assassinant des civils."
Que l'on retrouve aussi dans cet extrait :
Si "c'est la guerre" de bombarder des civils messieurs, vos dénonciations du terrorisme tombent bien à plat, d'autant que les terroristes en question n'ont commencé à viser des infrastructures civiles que lorsque Tsahal s'y est mis.
Cette idée est pour le moins surprenante, d'une part parce que l'on sait que, hormis le spectaculaire premier attentat attribué au Hezbollah, c'est ce groupe qui a introduit au Moyen-Orient la technique de l'attentat-suicide contre des civils, dans des autobus, des pizzerias, des boites de nuit, etc....
Et qu'il s'est rendu coupable de prises d'otages de personnes dont on ne peut pas dire que ce soit des objectifs militaires très clairs (chercheur, journaliste, etc...) Que les combats entre factions type Amal, PSP, etc... en 1988 à Beyrouth ont fait enormément de morts civils. Que le Hezbollah est allé jusqu'à frapper des cibles civiles israëliennes en Argentine (un centre communautaire juif). Et caetera, et caetera, et caetera.....
De plus, des éléments en provenace de Human Right Watch montrent clairement que les frappes du Hezbollah ont pour objectif de tuer un maximum de civils, et c'est l'objectif premier de cette organisation hier comme aujourd'hui.
Ce qui est loin d'être le cas de Tsahal, par exemple, qui envoie, par radio, ou par tract, des messages aux populations de zones où des bombardements auront lieu.

Une seconde idée m'a aussi beaucoup frappé :
Il semblerait d'ailleurs que Tsahal vienne de bombarder des quartiers chrétiens de Beyrouth, j'imagine qu'ils vont affirmer qu'ils visaient Nasrallah ?
Vu comme ça, cela peut en effet laisser perplexe, sauf si l'on sait ou que l'on essaie de se renseigner, soit sur les tactiques du Hezbollah (si j'étais à leur place, j'éviterai les endroits trop marqués "Hezbollah", et éviterait de me ballader dans la rue avec une énorme pancarte "Je suis un militant du Hezbollah"), soit sur les liens qui peuvent exister entre le Hezbollah et certains chrétiens, comme l'ex Général Michel Aoun, chrétien, et président du FPM (parti comprenant pour la plupart des chrétiens.
Ce lien, on en entend parler ici, un accord entre Aoun et Nasrallah :
On Monday, Michael Aoun, Member of Parliament and leader of the Free Patriotic Movement, met with Sayyed Hassan Nasrallah, Hezbollah's Secretary General, to discuss collaboration. These two leaders were on opposite ends of the Cedar Revolution that freed Lebanon from Syrian occupation last year, and Aoun is seeking the presidency after being kicked out of the country 15 years ago. The meeting produced a "memorandum of understanding" between the two, and it looks like Aoun is perfectly willing to let Hezbollah continue to pursue its agenda of terrorism against Israel and other Western interests. The MoA refers to Israel as "enemy territory" from which Lebanese should return (paragraph 6); it calls for renewed relations with Syria and the Palestinians without expressing any concern for their terrorist activities in the region (paragraphs 7 & 8), and doesn't limit Hezbollah from possessing and using its arms in any way (paragraph 9).
Donc oui, mieux connaître la situation politique du Liban permet de mieux comprendre ce qui s'y passe, et de dépasser le stade de "Oui-Oui découvre le Proche-Orient".
Un détail, tout de même, le calcul politique derrière cette alliance entre Aoun et Nasrallah est quelque peu complexe, voir l'article de Wikipedia sur Michel Aoun pour décortiquer tout cela.

Pour finir : je salue Jan Egeland, envoyé de l'ONU sur place, capable d'à la fois dénoncer la lâcheté du Hezbollah qui se réfugie délibérément derrière des civils, parmi des civils, afin de s'en servir comme bouclier, tout en fustigeant la réponse disproportionnée de Tsahal.


Demain, ou dans quelques jours, je parlerai de l'autre camp, celui qui ne parle jamais des exactions d'Israël, et toujours de celles du Hezbollah.

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